De la difficulté de dire non
Lorsqu’on crée une entreprise, au delà de sa mission, de son coeur d’activité, c’est la notion de rentabilité qui très rapidement prévaut aux choix et aux décisions que l’on prend, en ‘bon gestionnaire’.
C’est triste, au fond, de penser que c’est l’argent qui devient le principal moteur de toute décision, et j’en suis la première désolée, moi qui ai toujours dit ne pas travailler pour l’argent (mais pour le plaisir d’exercer mon métier, pour la reconnaissance de mes bleekin et pour, je l’avoue sans honte, le statut social que me confère cet état de femme entrepreneur, active, dynamique).
Mais il ne faut pas se voiler la face, sans trésorerie, une entreprise dépérit. Le cash, les zéros alignés sur un compte en banque, le fameux fond de roulement (et plus si affinités), sont nécessaires. Sans eux, point de salut, point d’avenir, point d’occasion de remplir la fameuse mission, d’exercer er la fameuse activité.
L’argent n’est pas dans ce cas une motivation liée à l’enrichissement personnel de l’entrepreneur mais bien la seule solution pour lui d’assurer la pérennité de son outil de travail, l’entreprise (histoire de se tuer un peu plus longtemps à la tâche et ne pas devoir se contenter du RSA, puisqu’il n’a pas droit au chômage, l’effronté).
Cette recherche de rentabilité existe dans toutes les entreprises, et quand on travaille seule, elle devient une forme d’aide à la décision. Devant une todo liste qui se remplit, la tâche la plus urgente est souvent celle qui rapportera le plus d’argent, celle qui assurera le revenu le plus pérenne.
C’est triste à dire, mais c’est comme ça, et même si je mets un point d’honneur à traiter tous mes bleekin avec le respect qu’ils méritent et à être rigoureuse et fiable, quand je me retrouve noyée sous les demandes et les urgences, c’est mon esprit de gestionnaire qui reprend le dessus.
C’est aussi cette recherche de rentabilité qui me pousse à refuser certaines missions, parce qu’il ne faut pas confondre chiffre d’affaire et rentabilité, le profit à tout prix n’étant pas forcement une quête raisonnable.
En quelques semaines, j’ai refusé 3 engagements. La mort dans l’âme, d’une part parce que les projets étaient intéressants (et auraient pu à terme m’ouvrir de belles perspectives), d’autres part parce qu’il est toujours difficile, en tant qu’indépendant, d’établir un prévisionnel fiable et qu’il faut « rentrer des commandes » quand elle se présentent.
Mais j’aurais mis en péril l’équilibre de mon activité, j’aurais mis à mal un planning déjà chargé pour y caser des prestations moins durables que celles que j’ai en cours actuellement, au risque de, finalement, n’arriver à satisfaire personne.
C’est dur, de dire non. Très. Mais c’est parfois nécessaire, et dans ce domaine comme d’autres, nécessité fait loi 🙂
De la difficulté de dire non… c’est certainement la chose pour laquelle nous sommes le moins bien formé et qui pourtant est la plus grande difficulté de nos vie, que ce soit au niveau professionnel ou même personnel!
Il vaut mieux refuser une mission que l’on est pas sur de réaliser correctement (par manque de temps, par compétence limitée, par non alignement de valeurs…) et de l’expliquer au client. La franchise en affaires est toujours une position gagnante à long terme.
C’est très vrai…pas facile tous les jours d’être indépendant, hein ? Bon courage néanmoins, vous avez l’air de très bien vous en sortir (d’ailleurs des postes plus longs sur ce type de thématique m’intéressent fortement, je trouve ça très enrichissant de pouvoir comparer les expériences, et se retrouver dans les témoignages des autres).
Assurer une prestation de qualité … évidemment, c’est le nerf de la pérennité et de la reconnaissance. Et puis il y a façon et façon de dire non : « Vous allez rire, c’est idiot cher nouveau dossier, je suis à 43 jours de temps femme sur 30 disponible ce mois-ci ! Je vous recommande vivement de contacter de ma part Mr Geek qui saura vous accompagner et qui lui, démarre sa petite entreprise. Il lui reste encore quelques jours ce mois-ci de libre ! »
From Bill gates : Your most unhappy customers are your greatest source of learning.
Longue vie à Bleekin !