Dukan, tu déconnes…
Pierre, faut qu’on cause… Tu permets que je t’appelle Pierre, hein ? Nan parce que tu me suis sur Twitter, je suis abonnée à ton service de coaching en ligne, j’ai acheté tes bouquins et je pense à toi plusieurs fois par jour depuis le 2 août dernier, ça crée des liens.
Surtout que ton régime, Pierre, il a bien marché sur moi et que clairement jusqu’ici, j’avais rien à redire. Certes, j’ai croisé de nombreux detracteurs, des bien-pe(n)sants qui n’ont jamais eu de problème de poids et se permettent de juger, des accrocs au sport et des naïfs qui pensent que les gros sont gros parce qu’ils mangent trop (et je vous invite à lire cet article avant de trouver quoi que ce soit à redire là dessus).
Je t’ai toujours défendu, Pierre, toujours. Pas forcement bec et ongles je l’avoue mais bon, quand on a été obèse pendant 30 ans, on en a parfois un peu raz la casquette de s’expliquer tout le temps sur ce putain de métabolisme qui déconne.
Et puis hier, la boulette, tu proposes qu’on pondére la note du bac par rapport à la capacité des élèves à garder la ligne. Et là, patatras, Pierre, je suis tombée sur le cul (cul dont tu as largement contribué à diminuer la surface, il faut le dire).
Non mais franchement Pierre, à quoi tu penses ?
Je pensais que tu faisais partie des gens qui savent que le poids n’est pas toujours contrôlable, qui ont compris que tous les gros ne sont pas des fainéants qui se lèvent la nuit pour tomber à bras raccourcis sur le pot de Nutella.
Mais putain, Pierre, à quoi tu penses (bis) ?
Tu me vois expliquer à ma fille de 10 ans, en surpoids depuis sa naissance, qu’elle aura moins de chance d’avoir le bac alors qu’elle a une alimentation plus qu’équilibrée, juste parce qu’elle a pas hérité du gêne de la minceur mais d’un défaut métabolique ?
Elle a déjà un mal fou avec le regard des autres, avec la frustration de ne pas manger trop sucré, trop gras, trop salé… alors que la plupart de ses camarades restent “dans la norme” en mangeant biscuits, desserts lactés, bonbons et junk food. Alors qu’elle goute d’un fruit et d’un morceau de pain et que ses dîners sont faits de viande ou poisson, légumes vapeur et, grand luxe, compote de fruit allégée en sucre…
Non seulement ma fille devrait subir les moqueries de ses camarades, se battre probablement comme moi toute sa vie (mais pas avant sa puberté) pour atteindre et conserver un poids socialement acceptable mais EN PLUS tu voudrais qu’elle doive travailler plus fort que les enfants plus chanceux qu’elle pour réussir ses études ?
Non mais franchement, Pierre, tu déconnes…