Pourquoi l’auto-entreprise n’est pas de la concurrence déloyale
Depuis quelques jours, le débat fait rage et on parle d’apporter des aménagements conséquents au statut d’auto-entrepreneur au motif qu’il représente une menace pour les artisans, soumis à des charges plus élevées. Ce statut, qui m’a permis de me lancer, de tester mon marché et ma capacité à générer un revenu pendant un an avant de passer en SARL, est une véritable aubaine pour ceux et celles qui veulent se lancer dans l’aventure (ou ceux qui veulent avoir une activité parallèle à leur activité de salarié) et il n’y a selon moi aucune raison de craindre pour sa ‘petite entreprise’ lorsqu’on est un professionnel sous statut traditionnel…
Point 1 : Les auto-entrepreneurs paient moins de charges
Vrai… et faux. Les auto-entrepreneurs ne sont pas soumis à l’assiette des cotisations, mais à des cotisations proportionnelles à leur chiffre d’affaire. Mais à niveau de CA égal, l’auto-entrepreneur est plus taxé que son homologue gérant d’une entreprise normale, puisque l’auto-entrepreneur ne peut déduire aucune charge de son chiffre d’affaire. Il paiera donc des cotisations même si son activité est déficitaire ! Il ne récupère pas non plus la TVA, et son chiffre d’affaire étant plafonné, il lui est difficile d’engager des dépenses et de financer son outil de travail. Avec un plafond à 32000 euros annuels, un auto-entrepreneur doit financer, sur son revenu net de 2000 euros maximum par mois, l’ensemble des frais de fonctionnement et des achats de son entreprise (suffisant quelques années mais pas viable sur le long terme).
Point 2 : Les auto-entrepreneurs cassent les prix
Vrai… et faux. Quand bien même un AE voudrait facturer des tarifs ‘normaux’, il se verrait confronté très rapidement à des problèmes de dépassement de plafond. Il a donc tendance à calculer son coût/jour en fonction du revenu moyen qu’il souhaite générer chaque mois dans la limite de son statut. Il sera donc moins cher qu’un artisan qui veut générer le même revenu net, qui devra, lui, facturer quasiment le double pour payer ses charges (déductibles, je le rappelle). En tout état de cause, il y a toujours eu des entreprises aux politiques commerciales particulièrement agressives qui viennent casser le marché de celles qui tentent de faire leur métier dans les meilleures conditions possibles, le statut d’AE n’a rien changé à cela. Ce qui a changé en revanche, c’est qu’au lieu de travailler au noir, le petit cousin de la secrétaire tellement doué avec un ordinateur qui va faire un site de merde tout simple à un client peut maintenant déclarer son activité et payer des impôts. Supprimer le statut d’AE ne changera rien au fait que certaines entreprises ne sont pas en mesure, soit par manque de maturité sur le média, soit par manque de moyens, d’attribuer des budgets conséquents à, par exemple, la réalisation du fameux site par le petit cousin de la secrétaire. Comme je l’ai déjà dit par ailleurs, ces acteurs qui cassent le marché ne font que répondre à une demande de prestations bon marché, et en un sens éduquent le client, qui a besoin de se rendre compte qu’on ne peut pas attendre du site créé par le petit cousin qu’il soit aussi performant que celui conçu et réalisé par une entreprise staffée et expérimentée.
Point 3 : Les auto-entrepreneurs sont moins fiables / sérieux / engagés / professionnels
Vrai… et faux. Auto-entrepreneur ou pas, toute activité devrait, par exemple, être couverte par a minima une assurance responsabilité civile. C’est valable pour les AE, les EURL, les SARL, les professions libérales… Je ne suis pas sûre que les freelances que je côtoie, quel que soit le statut sous lequel ils exercent leur activité, aient souscrit une assurance de ce type, et encore moins une assurance responsabilité civile professionnelle pour se protéger (et leur client) d’une erreur éventuelle. Quant à la fiabilité et le sérieux de l’AE, ils sont la même que celle d’un freelance qui exerce son activité en indépendant : il est agile, malléable à souhait, totalement disponible et ne compte pas ses heures mais il reste plus ‘volatile’ qu’une entreprise de plusieurs salariés qui sera plus facilement en mesure de remplacer un salarié absent, malade, en vacances ou simplement démissionnaire. La fiabilité d’une personne dépend de son professionnalisme, pas de son statut.
Je suis certaine que j’oublie de nombreux arguments, mais vous connaissant, vous complèterez rapidement cet article dans les commentaires 🙂
Bonjour,
Savez-vous quand les modifications risquent d’être effectives concernant le statut d’AE?
Ne vaut-il pas mieux s’enregistrer en avance pour ne pas courir le risque de ne pas pouvoir le faire par la suite.
Merci d’avance.
>> Point 2 : Les auto-entrepreneurs cassent les prix
C’est surtout parce que les auto-entrepreneurs facturent aux particuliers en franchise de TVA. Pour 100 EUR HT facturés, l’auto-entrepreneur facturera 100 EUR TTC et l’entreprise assujettie à la TVA facturera 119,60 EUR TTC. C’est neutre quand le client est une entreprise et récupère la TVA, c’est une autre histoire quand le client est un particulier.
>> Point 2 : Les auto-entrepreneurs cassent les prix
C’est surtout parce que les auto-entrepreneurs facturent aux particuliers en franchise de TVA. Pour 100 EUR HT facturés, l’auto-entrepreneur facturera 100 EUR TTC et l’entreprise assujettie à la TVA facturera 119,60 EUR TTC. C’est neutre quand le client est une entreprise et récupère la TVA, c’est une autre histoire quand le client est un particulier.
De plus, le statut AE limite le CA…
De plus, le statut AE limite le CA…