De la relation au travail et aux entrepreneurs
J’habite à côté d’une école. Tellement près que les fenêtres de mon bureau sont à quelques mètres de la porte de la maternelle. J’entends donc très régulièrement des enfants rechigner à rentrer à l’école. Et souvent, cette réponse, qui montre déjà la façon dont on laisse percevoir le travail à nos enfant : « Chéri, voyons, tu es obligé d’y aller. Regarde, Maman et Papa vont au travail tous les matins, ils n’ont pas le choix, toi non plus ».
You-pi.
Ces parents n’ont probablement pas une vie professionnelle très épanouissante. Ils font probablement partie de ceux qui vont « comme un lundi » attaquer des semaines de travail dont ils ne voient pas la fin, attendant le week-end qu’ils célèbrent d’un « TGIF ». Ce sont probablement les mêmes qui calculent savamment comment optimiser les 2,5 jours de congés payés qu’ils cumulent chaque mois pour qu’ils représentent le plus de vacances possible, en les cumulant avec jours fériés, bonus de fractionnement et jours de récup. Ce sont les mêmes qui passent leur vie à attendre la retraite, et qui au final vont travailler parce qu’ils sont obligés, parce que c’est le travail qui leur donnera « droit » à la récompense suprême, le week-end, les vacances, la retraite.
Et je les comprends. Tout le monde n’a pas la chance de faire un travail passionnant, ni la capacité à faire évoluer les choses. Je les comprends parce que moi aussi, j’ai cumulé les boulots de merde, faute d’avoir le bon diplôme, j’ai connu les situations humaines compliquées qui font des journées de travail une torture, les boulots alimentaires « faute de mieux ».
Ma différence, c’est de ne jamais avoir pu me satisfaire de compromis et d’avoir toujours voulu changer les choses lorsqu’elles ne me convenaient pas. Cela s’est traduit par de nombreux changements de boulot, jusqu’à évoluer dans le secteur qui me correspondait, la reprise de mes études à 30 ans, jeune maman, pour obtenir le niveau de diplôme nécessaire à postuler aux postes que je visais et, au final, par mon démarrage en solo, il y a 4 ans.
L’entrepreneuriat, au delà de me permettre d’exercer ma passion, est surtout devenu pour moi le moyen de travailler à ma façon, avec les gens qui me ressemblent, en accord avec mes valeurs, sans compromis, sans contrainte. L’aboutissement en somme de cet esprit entier qui me caractérise (et qui me joue des tours, faut pas croire, accepter le consensus a du bon parfois ;)).
Et quand je regarde comment fonctionnent les entrepreneurs qui m’entourent, je retrouve presque toujours un mélange de passion pour leur travail et d’indépendance, et cette envie d’aller plus loin. C’est une bouffée d’optimisme à laquelle je suis devenue accro, je crois. J’ai d’ailleurs créé un groupe Facebook pour permettre aux entrepreneurs du Sud d’échanger et de partager, et j’y prends régulièrement de vrais « shoots » de motivation.
Et je me dis que les membres de ce groupe sont probablement ceux qui expliqueront à leurs enfants qui n’ont pas envie d’aller à l’école l’importance de l’apprentissage, le plaisir du savoir, la satisfaction du travail. Histoire de changer un peu les mentalités et de créer, qui sait, une génération qui aura d’autres objectifs que de finir fonctionnaire ou planqué dans une grosse boîte avec RTT et mutuelle.
Merci Sophie pour cet article qui résume bien, je crois, l’état d’esprit de bon nombre d’entre nous (et le constat que l’on partage).
Je pense que les choses changent quand même avec le temps, et que cette aspiration à une vie professionelle plus épanouissante et moins « alimentaire » fait son chemin avec les nouvelles générations. On y croit !!
Merci Sophie.
Lié, ceci : https://speakerdeck.com/nicolasb/lets-fix-the-stupid-job-crisis-ourselves-traduction