Entrepreneurs, connaissez-vous votre coût de production ?
[NDLR : Cet article est le premier d’une série qui abordera les notions de rentabilité de l’entreprise individuelle, notamment au travers du calcul du coût du travail, du calcul du temps de production et de gestion, de la réalisation de ses offres commerciales et de la gestion de son prévisionnel. Stay tuned !]
Lorsqu’on entreprend, quel que soit le domaine, les notions de « BFR », « seuil de rentabilité », « coût de revient », « marge », « bénéfice » font partie des préoccupations quotidiennes. Lorsqu’on entreprend dans le domaine du service et que l’on « vend du temps », il est nécessaire d’être capable d’en définir le coût.
Certes, on peut s’appuyer sur les prix du marché… Dans la communication, les RP, le consulting, on sait que les tarifs jour tournent autour des 800 à 1200 euros par jour pour un profil confirmé, mais ce prix marché n’a rien à voir avec le coût.
Voici donc un exercice que tout entrepreneur solo ou consultant devrait être capable de réaliser les yeux fermés. Il est légèrement différent lorsqu’il s’agit de calculer le coût d’une équipe de salariés, mais applicable aussi en se basant sur le brut patronal.
Prêt ? C’est parti, accrochez-vous 🙂
En admettant que le revenu mensuel net souhaité par notre entrepreneur solo soit de 2.500€ (ce qui n’est pas cher payé pour un homme/femme orchestre, qui maîtrise son boulot mais également la gestion commerciale et administrative, prend le risque de créer son outil de travail et n’aura pas droit au chômage s’il se plante).
Sachant que les charges d’un travailleur non-salarié représentent environ 50%, nous pouvons donc estimer qu’il lui faut facturer au minimum 5.000€ hors taxe par mois, soit 60.000 € par an (pas mal comme premier objectif).
Ca n’est pas fini, bien entendu. A ces 60.000 euros viennent s’ajouter les assurances obligatoires et facultatives, les frais bancaires, les coût des déplacements, l’amortissement du matériel, les loyers, les consommables, les abonnements téléphoniques, les frais divers et variés.
Admettons, et c’est surement en dessous de la réalité pour beaucoup de ces solos, que ces charges fixes représentent 15.000 euros par an, nous arrivons à un chiffre d’affaire annuel de 75.000 euros H.T.
Pour pouvoir calculer un coût/jour, voire un coût horaire (puisque ce sont bien des jours/heures qui seront facturées au client ou qui permettront d’estimer le coût forfaitaire d’une prestation), il faut à présent définir le temps que notre entrepreneur va pouvoir consacrer à la production.
Première chose, il est communément admis qu’il n’est pas humainement possible de ‘produire’ 5 jours de travail facturable par semaine sur du long terme (promis, ça m’est arrivé sur 3-4 semaines en période de rush, c’est juste pas tenable et il faut ensuite rattraper tout ce qui s’est accumulé pendant ce temps).
En effet, il faut en déduire les temps de déplacements, la prospection, la gestion administrative et comptable, les trucs improbables à gérer qui ne manquent jamais de surgir, bref, certains se basent sur 3 jours de ‘production client’ par semaine, d’autres sur 4. Coupons la poire en 2 et admettons que notre entrepreneur va être en mesure de facturer (et produire) 3,5 jours par semaine.
Deuxième chose, on ne ‘produit’ pas 52 semaines par an. En admettant que notre entrepreneur prend 3 semaines de vacances par an, qu’il participe à des congrès, conférences et salons 2 semaines par an en cumulé, qu’il va être malade ou devoir gérer un impondérable 1 semaine dans l’année et que l’on déduit 2 semaine de production annuelle pour les jours fériés et les moments creux de l’année qui ne permettent pas de facturer, nous arrivons à 8 semaines non-facturables,
Nous avons donc un simple calcul à faire pour connaître le ‘coût’ de notre entrepreneur :
52 – 8 = 44 semaines facturables, à raison de 3,5 jours par semaine, soit 154 jours pour réaliser 75.000 euros de chiffre d’affaire.
Attention, c’est l’instant de vérité : 75.000€ / 154 jours = 487€ par jour.
Bien entendu, ce chiffre est variable, chaque entrepreneur ayant des objectifs, des frais de fonctionnement, des capacités de production différents. Bien entendu, il ne suffit pas de connaitre son coût de production pour établir son tarif jour, et bien d’autres critères rentrent en compte..
Mais ce chiffre, que vous pourrez affiner en l’adaptant à votre cas, vous permettra d’avoir une idée assez précise de votre minimum de facturation, de calculer votre rentabilité (parce qu’il ne s’agit pas de gagner juste assez mais bien de faire un peu de marge), et aussi, et surtout, de mieux chiffrer vos prestations en fonction du temps que vous y consacrerez (mais pas que, parce que de nombreux autres critères rentrent en compte dans cet autre calcul ;)).
Ce sera l’objet de mon prochain post, forcément 🙂
j’étais plutot un poil plus « défensif » que toi il y a 5 ans (http://www.nicolasjean.fr/17-combien-je-facture.html) , et je vois que malheureusement la cible de revenu mensuel est toujours la même.
Un point qui n’est jamais soulevé et me semble interessant pour être généraliste, c’est la durée de la presta, plus elle est longue, plus le ratio facture/gestion est bon. mais plus elle est longue, plus il est difficile de gérer le turn-over, pas facile de renouveller ses prestas quand on a fait l’autruche pendant 3 mois ( ca rejoint un de tes billets précédents)
Vviement la suite… 🙂
Merci Sophie pour cet article très intéressant et très utile ! 🙂
Bonjour Sophie,
Très intéressant ce calcul, je vais m’amuser a envoyer ton article à mes clients 😉
Je me permet de rajouter juste quelques points (qui seront peut être traités ultérieurement)
Outre l’URSSAF ou le RSI, les impôts, le cout du comptable…
Je trouve que l’on n’aborde pas souvent dans nos métiers « le future », on a tous envie de faire évoluer notre entreprise (donc recruter), mais pour recruter il faut avoir de la trésorerie (donc plus de marge). Avec toujours le risque d’avoir un mauvais casting.
Il nous reste 4 mois en 2013 pour exploser nos chiffres ou plutôt 56 jours 🙁
Merci pour ce post
Bonjour Mounir !
Effectivement, je suis partie sur le postulat de base du freelance, sans compliquer avec ce que représente un salarié en terme de coût supplémentaire…
56 jours ? Ouhla, va falloir pagayer sévère !