Nomadisme digital en France…
… ou « Le Guide de la Blonde du travailleur nomade en camping-car dans le Sud-Ouest de la France »…
Oui, c’est long 🙂
Autant te le dire tout de suite, je vais probablement ruiner les fantasmes que beaucoup nourrissent au sujet du nomadisme digital, encouragés dans leurs illusions par les nuées de photos qui fleurissent sur Instagram, notamment avec les hashtags #vanlife ou #digitalnomad.
Parce qu’il faut bien l’avouer, si elles me font rêver aussi, ces photos de Combi VW posés en pleine nature soulèvent également quelques doutes sur des aspects bassement terre à terre :
- Comment ces gens fort beaux et fort bien vêtus se douchent-ils, dans leur van hautement instragrammable mais plutôt rikiki ?
- Où travaillent-ils, et avec quel courant rechargent-ils les batteries des nombreux gadgets technologiques qui leur permettent de publier de si magnifiques photos ?
- Sont-ils équipés de connexions satellites pour réussir à travailler depuis le fin fond d’une vallée à l’écart du monde (et donc très probablement de la 4G) ?
- Se nourrissent-ils de foin et d’eau de la rivière voisine ?
- Et où font-ils popo 💩?
Bref, tu l’auras compris, notre réalité est toute autre.
Parce que personnellement, la douche m’est nécessaire chaque jour. Qu’en tant que salariée, je n’ai pas le choix de ne pas travailler si je me retrouve dans une zone mal couverte par les opérateurs. Que pour partir plusieurs jours dans de bonnes conditions, il faut faire le plein d’eau, de nourriture, de gaz, d’essence. Que pour travailler à deux tout en transportant ado et chat, il faut un minimum d’espace et d’équipement. Et que pour faire popo, il faut des toilettes chimiques !
Et toutes ces bonnes raisons ont des conséquences : notre camping-car, équipé d’une douche, d’une chambre séparée, d’un coin repas/travail, de panneaux solaires, d’une mini-kitchenette et de toilettes chimiques mesure près de 7,50m pour 3,5 tonnes. Pour fonctionner correctement, il a besoin d’être stationné à plat, et il faut procéder à une recharge en eau (et à la vidange qui va avec) tous les 2-3 jours. Et vider la cacassette 💩 au même rythme, dans des équipements sanitaires acceptant le contenu de WC chimiques (et pas en pleine nature, parce que le camping sauvage, c’est génial, mais y vider son WC chimique, c’est saaaale).
Cela signifie qu’il nous faut chaque soir trouver un lieu :
- Où le stationnement de camping-car est autorisé,
- Où nous pourrons rester la journée du lendemain pour travailler,
- Qui fournira si possible eau et électricité ou, a minima, la possibilité de vidanger,
- Dans une zone couverte par la 4G.
Tu le vois le mythe du nomade digital en Combi face à la montagne qui s’effondre face à la réalité ?
Parce qu’il ne faut pas se leurrer, un lieu qui coche toutes les cases de la nécessaire logistique est rarement un lieu paradisiaque à l’écart de la civilisation.
Mais avec un peu d’organisation et les outils adéquats, nous avons malgré tout réussi à vivre la #vanlife pendant près de 5 semaines, dont 3 en travaillant. Et après cette looooongue intro, voici enfin…
Le Guide de la Blonde du travailleur nomade, en France, en camping-car 😀
Je ne vais pas te parler de l’équipement nécessaire, notamment en terme de connectivité internet, j’en ai déjà parlé ici. J’avais également évoqué le site (et l’application) Park4Night, qui nous a permis de dégotter parkings, aires dédiées et campings pendant notre c*oppitrip (que tu aurais d’ailleurs pu suivre sur Instagram ou Facebook, si tu t’étais abonné aux comptes dédiés à notre #projetbarré).
Autre site particulièrement utile avant de choisir sa prochaine destination, le site de l’Arcep « Mon Réseau Mobile », qui permet de vérifier la qualité de la couverture mobile, partout en France.
En superposant la carte des aires accueillantes, de la couverture 4G et de la météo, nous avons donc réussi à passer près de 20 jours dans des coins paradisiaques, loin de la canicule, tout en travaillant.
Quelques aires pour camping-cars dégottées pendant notre trip :
L’aire municipale de Saint Germain et Mons :
En plein coeur du Périgord, à quelques kilomètres de Bergerac, l’aire a été aménagée récemment par la municipalité et compte une vingtaine d’emplacements, chacun équipé de son branchement électrique et de son bout de pelouse. L’aménagement est particulièrement bien conçu, avec un stationnement en étoile qui permet de ne pas avoir une vue plongeante sur le camping-car voisin mais sur la nature environnante.
On y accède en payant une dizaine d’euros à une borne automatique à l’entrée, et on bénéficie à ce tarif (pour 24h) de l’électricité, du wifi, de l’accès à l’eau potable, de l’aire de vidange des eaux grises et des eaux noires et des barbecues collectifs.
L’aire de la base nautique de Caïx
Située sur les bords du Lot, la base nautique de Caïx dispose d’un petit camping, d’un petit restaurant et de quelques emplacements pour camping-cars. Chaque emplacement est équipé d’une borne électrique et il est possible, moyennant 2€, d’utiliser les douches du camping.
Le paiement s’effectue au comptoir du bar/restaurant et là encore, il faudra compter 8€ pour 24h.
Le parking/camping de Saint Cirq Lapopie
Au pied du village de Saint Cirq Lapopie, au bord du Lot, ce parking municipal réservé aux camping-cars permet un accès facile à la plage voisine, et moins facile au village (comptez 20mn de marche et un sacré dénivelé pour vous offrir une vue panoramique depuis le sommet du chateau). Pas d’électricité et une borne d’eau potable payante, histoire de tester notre capacité à survivre en autonomie (spoiler : on sait faire ;)), et clairement pas la meilleure aire de notre trip mais un cadre fabuleux.
En accès libre, c’est un agent municipal qui passe « relever les compteurs » tous les soirs, et il faut compter 7€ pour 24h.
L’aire de camping-cars municipale de Salles Curan
Probablement mon aire préférée, au point que nous y sommes restés 2 nuits 🙂
Ancien camping municipal transformé en aire pour camping-cars, elle est composée de 3 terrasses offrant une vue imprenable sur le lac quel que soit l’emplacement. En plus d’une borne électrique et d’eau courante sur chaque emplacement, on peut bénéficier de sanitaires collectifs, vieillots mais propres, avec de l’eau chaude, et bien entendu, d’une aire de vidange eaux grises et eaux noires.
Le paiement s’effectue à la borne automatique de l’entrée et il faut compter 11€ pour 24h.
Le Camping du Petit Monde à Quézac
Dans les gorges du Tarn, un camping à la limite du sauvage, avec sanitaires, eau chaude, bloc vaisselle, aire de vidange et électricité, où la liberté est le maître mot : pas d’horaire de départ imposé, chacun choisit son emplacement en arrivant et on règle quand on veut en croisant le maître des lieux entre le terrain de foot et le camion à pizza.
Les emplacements sont vastes et ombragés, la nature environnante est sublime et la rivière à quelques mètres seulement. Nous avons déboursé une vingtaine d’euros par nuit, pour 3 personnes.
Aire privée sur le terrain d’un viticulteur à proximité d’Avignon, ce n’est clairement pas l’étape du siècle, mais l’aire est particulièrement moderne, les emplacements sont propres et bien équipés (eau et électricité), la zone tranquille. Là encore, il est possible de vidanger, et les propriétaires ont emménagé une petite boutique de produits locaux qui peut dépanner.
C’est d’ailleurs le propriétaire qui passe chaque soir autour de 20h collecter les 10€ qu’il faut débourser pour passer 24h sur cette aire.
Pendant nos 5 semaines de c*oppitrip, nous avons également dormi en camping, en mode vacances, squatté le parking de Cédric à côté de Dax et celui de Sophie et Christophe à proximité de Bordeaux, profité du terrain de Yann et Catherine dans la Drôme, et passé un week-end avec Dodo et Claude sur le terrain d’une auberge au bord du lac de Naussac, en Lozère…
Un bien joli trip, donc, entre vacances, boulot, amis et nature, qui nous laisse un goût de ‘reviens-y’ indéniable. Vivement les prochaines vacances !