Entreprendre : de la difficulté à fixer ses tarifs
L’une des grandes difficultés de l’activité de services, et a fortiori de l’activité de conseil, est de fixer une tarification qui soit à la fois cohérente et flexible. Personnellement, il m’a fallu près d’un an pour trouver un tarif journalier équilibré.
Et au final, c’est bien de ça dont il s’agit, il faut trouver l’équilibre entre 3 facteurs :
- la réalité économique,
- la valeur du service rendu,
- la capacité budgétaire du client.
Facteur n°1 : la réalité économique.
Ne nous leurrons pas. En matière de service ou de conseil, il est difficile de facturer plus de 3 jours par semaine. Entre la paperasse, la prospection, les rendez-vous et les imprévus, ce sont facilement 2 jours de production qui s’envolent. Sans compter la veille, les salons et les conférences qui participent à votre expertise mais ne sont pas facturables.
Une fois cette vérité admise, le calcul est simple : il faut arriver à générer, en 12 jours de travail facturés par mois, le chiffre d’affaires nécessaire au paiement de ses charges, frais, déplacements et salaire.
Le tarif journalier fixé en fonction de la réalité économique peut donc se calculer assez simplement : salaires + charges + frais de fonctionnement / 12 = ?
Facteur n°2 : la valeur du service rendu.
Pour tout vous dire, ce billet m’a été inspiré par la réaction d’un contact à qui j’ai annoncé mes tarifs et qui, tout en les comprenant parfaitement, les a jugés ‘exhorbitants’ par rapport à sa capacité budgétaire.
Or mes tarifs sont dans la fourchette moyenne des tarifs du secteur, voire la fourchette basse si on compare mes tarifs à ceux d’un équivalent parisien (provinciale un jour, provinciale toujours).
Au delà de cette étude concurrentielle, les tarifs que je pratique sont cohérents avec la valeur du service rendu : prendre le temps de se poser, de réfléchir puis de mettre en oeuvre une vraie stratégie marketing est une étape primordiale dans le lancement d’un projet, faire l’impasse ou bacler cette étape peut aboutir à un échec pur et simple.
Si la société ou le produit lancés fonctionnent, ce ne sera pas uniquement grâce à cette intervention, mais clairement, elle y aura largement contribué. Le service rendu peut donc se valoriser à plusieurs milliers d’euros, et ramené au nombre de jours consacrés à l’intervention, à un tarif journalier acceptable.
Facteur n°3 : la capacité budgétaire du client.
Il ne s’agit pas de modifier ses tarifs en fonction de chaque client, parce que cela équivaudrait à dévaloriser la valeur du service rendu et que clairement, il devient compliqué de faire des prévisions de chiffre d’affaires quand on pratique des tarifs au cas par cas.
Mais il faut s’adapter à la capacité budgétaire de sa cible. Clairement, mes tarifs journaliers sont adaptés à des PME plutôt qu’à des TPE, et acceptables par des entreprises habituées à payer des consultants, ce qui restreint ma cible mais me permet de travailler en bonne intelligence avec des bleekin conscients de la valeur de mes prestations.
C’est un positionnement que j’assume, parce que je suis persuadée de la valeur du service rendu et que mes tarifs sont en accord avec ma réalité économique. C’est un positionnement flexible aussi, parce que certains projets me donnent envie de m’y attarder, même si le client en question n’a pas la capacité budgétaire requise.
Je m’investis donc gratuitement dans de nombreux projets parce que je crois que, comme le dit Paul Scriven, il vaut mieux dans ces cas-là travailler gratuitement plutôt que d’être « bon marché ». 🙂
Et au final il est secret ton tarif ?
Personnellement, lorsque je travaillais en agence web/com, les prestations etais facturee entre 80 et 120 de l heure. En tant que jeune dev cela me choquait au debut, mais effectivement c’est des prix normaux pour pouvoir garantir la qualite. En dessous, une entreprise doit travailler « a la chaine » pour maintenir sa rentabilite, et chaque probleme devient une catastrophe.
Lorsqu’il y a une marge suffisante, en cas de rate, on peux refaire sans etre deficitaire, et on garde ses bleekin content, sans y avoir perdu un weekend.
@olivvv : non, pas secret, il oscille entre 500 et 800 euros par jour, en fonction du type d’intervention, et monte un peu au delà pour la formation.
@Mar1e : faut leur dire que c’est comme demander le prix d’une voiture sans préciser neuf ou d’occaz’, citadine ou sportive, Fiat ou Rolls 🙂 généralement, ça marche…
Marrant, je lis ton billet juste après avoir demandé un devis pour un référencement :
– sans cahier des charge
– sans url à consulter
– sans précision sur la thématique, les objectifs, la cible, etc..
– sans fourchette budgétaire
Et j’ai répondu que ça allait certainement coûter entre 1500 et 30 000 euros 😉
Ce n’est déjà pas facile de fixer des tarifs, si en plus on ne sait pas quelle charge de travail nous attend, ça devient un véritable casse-tête.
Je prends effectivement la voiture comme exemple. Personne n’aurait l’idée d’aller chez un concessionnaire en disant « bonjour, combien coûte une voiture ». Pourtant là c’est dans 80% des cas ce qui m’attend : je suis censée deviner :
– les objectifs du client
– son budget
😀
Il y a aussi ceux qui commencent leur demande par « je suis une jeune entreprise et je n’ai donc pas un budget important ».. malheureusement à fuir!
@Sophie: 12 jours facturés ? Je vise même moins : 7. J’applique la règle des 3 tiers :
– 1 tiers pour la production ;
– 1 tiers pour la prospection (et networking);
– 1 tiers pour la veille, les tests, la recherche, les découvertes et donc aussi les activités collectives.
@Philippe : 7 ? Tu dois être encore plus cher que moi alors 😉
@Guillaume : j’essaie d’avancer par phase, et généralement, je propose un devis pour la phase 1, qui permet de bien border la prestation a suivre, et une fourchette budgétaire pour la phase 2, dont le chiffrage définitif est possible grâce a l’étude en phase 1. Histoire que tout le monde sache ou il va 😉
Il est vrai que je te rejoins sur les 3 facteurs mais j’ai svt un souci : c’est que la personne te donne pas la réalité du travail à effectué et surtout du temps que tu passeras en navette pour qu’il soit satisfait.
De plus, comme j’en parlais avec Philippe lors du dernier MeetFriday lyonnais, souvent le projet n’est pas défini dans la tête du client et au fur et à mesure de la prestation, la charge de travail augmente donc le prix annoncé ne correspond pas .
Honnêtement, pour moi, en dessous de 75 € de l’heure, le travail n’est pas rentable.
C’est ce que je facturais quand j’étais encore freelance (enfin, je facturais 400F/h, mais c’était un autre temps… alors avec l’inflation et tout ça).
Donc on retombe bien entre 500 et 800 €/jour.
75 euros le travail n’est pas rentable, mais qui paierait un plombier 75 euros de l’heure ? :o)