Jusqu’ici, tout va bien…

Hier matin un ami qui se reconnaîtra, lui-même indépendant face à une opportunité de retour au salariat, m’a demandé si j’aimais toujours ma nouvelle vie… Je dois avouer que les 6 derniers mois ont été tellement intenses que je n’ai pas pris le temps de me poser vraiment la question, du coup je me dis que ça mérite bien un bilan.

Globalement, jusqu’ici tout va bien. Super bien, même.

En terme de logistique, pas vraiment de changement par rapport à ces 5 dernières années. Si galères soient-ils, mes deux aller-retours mensuels entre Nice et Paris sont nettement plus supportables, pour l’animal indépendant que je suis, qu’une présence quotidienne au bureau. Entre deux déplacements, je bénéficie de 10 jours de home-office qui me permettent de bosser plus et mieux (oui, parce que « télétravail », pas plus que « à son compte », ne veut pas dire faire la grasse mat’,  glander devant la télé ou prendre 3h de pause pour aller faire bronzette). En revanche, sous réserve d’être connectée et disponible aux horaires de bureau, je peux travailler depuis chez moi ou depuis les Satellites, mais également depuis n’importe quel endroit tranquille connecté à internet, ce qui ouvre tout de même de belles opportunités.

Par rapport à l’esprit ‘entrepreneurial’, pas vraiment de révolution non plus. On m’a demandé il y a quelques mois si ça n’allait pas me manquer, et à part la #teambleekin dont le soutien me manque parfois, je n’ai pas l’impression d’avoir perdu ni mon autonomie ni mon esprit d’entreprendre. J’entreprends juste sous un autre étendard, moins rose et moins girlie, mais aux valeurs similaires à celles que j’ai portées pendant 5 ans, en terme d’éthique, de proximité client, de qualité de service… J’ai l’opportunité de travailler dans le confort d’une entreprise (parce que oui, un salaire tous les mois c’est confortable) sur de beaux projets, avec de belles perspectives, en toute autonomie et dans le respect de ma vision de la communication. Le meilleur des deux mondes, un peu ;))

Certes, ce n’est pas simple tous les jours. Se plier à une organisation commune, s’intégrer à un workflow impliquant de nombreuses dépendances, quand on a pendant 5 ans été « celle qui décide », c’est un vrai changement. Le plus notable, au final. Mais je ne le vis pas comme une contrainte, c’est juste une gymnastique de l’esprit, un ré-apprentissage, et si je me surprends à avoir des réactions spontanées encore trop ‘individuelles’, je travaille à les corriger. Je suis entourée de gens brillants, ce qui ne gâche rien. Leurs points de vue m’enrichissent, et le côté « tous dans le même bateau » finit toujours par prévaloir sur les divergences qui peuvent apparaître, ce qui est loin d’être négligeable. Seul regret sur ce point, la communication qui est majoritairement écrite puisqu’à distance, ne permet pas forcément de faire passer les messages de manière optimale (le fameux langage non verbal…).

Le point le plus important, dont j’ai pris conscience tardivement, concerne le niveau et la nature du stress. J’ai réalisé il y a peu que ce que je croyais être de l’adrénaline, de la motivation, et qui pendant 5 ans ne m’a pas lâchée, était un bon gros stress bien dévastateur dont je ne voyais pas les effets, tant j’étais persuadée que la sérénité n’était pas accessible à l’entrepreneur. Avec le recul, maintenant qu’il a disparu, je me rends compte que non, la culpabilité de ne pas bosser le week-end, l’incapacité à décrocher, la tension permanente n’étaient pas les symptômes d’une saine émulation.

Du coup, et malgré une todo list bien remplie, j’ai gagné en sérénité. S’il m’arrive régulièrement de me réveiller avant que mon réveil ne sonne, l’esprit taraudé par un truc à finir ou une idée à noter, je suis nettement plus zen… Et ça, ça n’a pas de prix.

Alors oui, jusqu’ici, tout va bien. Très bien.